dimanche 25 décembre 2011

Dans les années 80...

Dans les années 80, on se retrouvait au dessus du Helder, sur les terrasses. A deux ou trois… On fumait des pétards en regardant passer les gens. Dans le parking des Beaux Arts, le soir, la nuit tombée, nous repartions dans une nos carrioles (2 CV, 4 CV, 204).


Régulièrement, nous surprenions, dans le dérobé de la porte métallique du parking sous terrain, deux jeunes filles qui s’embrassaient passionnément. Nos phares les découvraient là, pareilles à des clandestines…

Giscard était encore au pouvoir. Ses flics nous topaient le soir et nous cognaient un peu dessus,  après nous avoir poursuivis parce que nous roulions sans casques sur nos mobylettes à deux sous. Quand ils s’étaient calmés, ils ne disaient plus rien, même pas un rot…. Ils repartaient alors en patrouille… Nous, on soufflait un peu… Nous redémarrions nos mobylettes et nous rentrions chez nous. 


Le « bon » Giscard « modernisait » la France : il créait les stages « Barre », faisait raccourcir la tête de Ranucci, recyclait un bon tas de fascistes du SAC et de l’OAS dans son personnel politique,  collectionnait les diamants de Bokassa et faisait poursuivre les militants qui souhaitaient créer des radios libres.


A Tours, ceux de «Transistour» jouaient au chat et à la souris avec les keufs. Ils faisaient venir clandestinement leur émetteur d’Italie. Nous les écoutions avec des radios merdiques, pleines de fritures…


Il y avait aussi des cabines téléphoniques à pièces… Pas de portables… Nous les utilisions pour pouvoir téléphoner gratuitement. On allait à «la pèche» : on perçait une pièce de 5 francs, on y enfilait une petite corde et on jouait là-dessus un va et vient qui déclenchait la communication. On pouvait téléphoner à l’as pendant des heures. Parfois, on décidait de se la faire… Un pied de biche et à nous la caisse !... Quelques pièces pour quelques demis de bière…

A Noël, on se prenait des murges. A deux ou trois, on se retrouvait le soir dans un troquet et on se dépouillait. Pour fêter dignement l’évènement, on allait, une fois bien imbibés, jeter un cocktail Molotov sur la porte du lycée Paul Louis Courier ou du lycée Balzac. L’engin flambait une petite minute, noircissant la porte puis s’éteignait. Les pompiers arrivaient, les flics aussi. On les regardait faire, hilarants, à l’angle des rues. La Bretagne avait son FLB, la Touraine, ses apaches de la Noël…
 
Il y avait des manifs lycéennes aussi… Pas de syndicats… Des coordinations déjà et des comités de lutte… Animés par les anars, les trosko des JCR et les derniers Mao. Après les grandes journées d’actions, où nous avions subit le malaise des syndicats institutionnels, on se retrouvait la nuit dans des endroits improbables. Il y avait celles et ceux de Choiseul, Paupol, Grammont… On parlait de nos révoltes, de l’avenir, du quotidien. Certains fumaient du shit. Peu de temps après, on verrait apparaitre de seringues…

Nous vomissions Claude François, Patrick Juvet, Michel Delpech, Jo Dassin, Dalida, Michel Sardou, Gérard Lenorman et les autres… On se retrouvait volontiers dans les concerts de François Béranger ou de Mama Béa Tékielski, aux Tanneurs… « Magouilles blues »,  « Ballade pour un bébé robot »… Tout cela n’a guère changé… Sentiment d’éternité… Il y avait aussi « Font et Val » qui nous réjouissaient bien. Ils portaient en eux, à l’époque, une véritable gouaille libertaire. On était loin des dérives pédophiles de l’un et de l’ultra libéralisme de l’autre…

Et puis, il y avait Léo Ferré ! Lorsqu’il venait chanter à l’Olympia… Au milieu de son spectacle, il se mettait à chanter « les anarchistes »…. Cela nous faisait nous dresser… « Il y en a pas un sur 100 ! »… On se sentait bien… Pas si isolés… Léo, tu pouvais lui parler… Il était abordable… Un chic type… La nuit, après le spectacle, il partait dormir au château d’Artigny… L’avait du fric le Léo…. Mais comme il le disait lui-même, il n’exploitait personne pour le récupérer…


Finalement, nous vivions beaucoup la nuit… Nous y buvions beaucoup… Au matin, lorsque nous rentrions, après avoir piloté comme des fous nos mobylettes pétaradantes, nous croissions parfois nos parents dans les sous-sols de nos maisons. Ils allaient travailler… On se croisait silencieusement… Ils ne nous comprenaient pas… De notre côté, nous ne comprenions pas qu’ils nous aimaient…

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