I l y eut un silence qui s’étendit très loin, jusqu’au fond des ruelles boueuses. Le vent s’était arrêté de souffler. La misère du monde était au bout de son destin ».
Albert Cossery « Les hommes oubliés de Dieu ».
Disons le franchement, nous n'attendions pas grand chose de l'arrivée de la gauche au pouvoir. Certes, le départ du pitre Sarkozy nous a fait du bien, mais l'arrivée au pouvoir d'un parti qui ne porte de « socialiste » que le nom, n'avait rien de réjouissant. Ce qui nous surprend, finalement, c'est la capacité étonnante, en trois mois, de nos « socialistes » de ne poser aucune réforme sociale digne de ce nom et de, parallèlement, revenir à la vitesse grand V sur ses engagements.
Du côté du « progrès social », on rit jaune : quelques miettes d'euros pour les smicards, la retraite à 60 ans pour un nombre extrêmement minoritaire de salariés ; le décor est posé. Ne parlons même pas des projets autour de la refonte du contrat de travail où le gouvernement va piocher dans les poubelles de la CFDT afin de nous appliquer une flexibilité liée directement à la compétitivité des entreprises.
Du côté des reniements, cela commence fort : une ministre de l’écologie (Nicole Bricq) à peine nommée, virée comme une malpropre pour faire plaisir aux pétroliers, un plébiscite pour le nucléaire (Arnaud Montebourg et son plaidoyer pour cette énergie), la réouverture du «débat» sur les gaz de schiste, l’expulsion des camps de ROM (ce faisant, on les met dans une situation d’extrême précarité sous prétexte qu'ils étaient déjà dans une situation précaire !), le recul négocié avec les grands patrons sur la taxation à 75 % des plus hauts revenus (on passerait de 3600 foyers concernés à 1000 et la mesure serait transitoire sur 2 ans!)... Même les sénateurs s'y mettent (Jean Germain et Patrick Filleul en tête) en demandant que la loi sur le cumul des mandats soit revue à la baisse !
De plus, aucune mesure « progressiste » n'a été avancée par le gouvernement, par exemple une loi d'amnistie pour les militant(e)s poursuivis dans le cadre de leurs engagements syndicaux ou politiques (militants anti-OMG, les «4 de Tours», etc).
Localement, le PS et Jean-Patrick Gille, qui soutenaient le comité de soutien aux travailleurs sans papiers (et dont la plate forme indiquait la régularisation de tous les sans papiers) sont singulièrement absents de ces initiatives depuis le mois de juin...
« La petite gauche vivotait, frileuse comme une alouette » clamait Lavilliers dans sa chanson «Utopia» en 1978. En 2012, la gauche est morte, a ne pas en douter. Ou alors, à nous de la réinventer, dans la rues, dans les luttes que nous allons mener, dans notre refus total de l’inacceptable : celui de la société capitaliste, de ses manières de brutes, et de son culte des puissants.
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